Page:Florian - Fables, illustrations Adam, 1838.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
53
livre ii.

De rossignols une centaine
S’écrie : Épargne-le, nous n’avons plus que lui ;
Lorsque ta femme vient s’asseoir sous son ombrage,
Nous la réjouissons par notre doux ramage ;
Elle est seule souvent, nous charmons son ennui.
Le jardinier les chasse et rit de leur requête ;
Il frappe un second coup. D’abeilles un essaim
Sort aussitôt du tronc, en lui disant : Arrête,
Écoute-nous, homme inhumain ;
Si tu nous laisses cet asile,
Chaque jour nous te donnerons
Un miel délicieux dont tu peux à la ville
Porter et vendre les rayons ;
Cela te touche-t-il ? J’en pleure de tendresse,
Répond l’avare jardinier ;
Eh ! que ne dois-je pas à ce pauvre poirier
Qui m’a nourri dans sa jeunesse ?
Ma femme quelquefois vient ouïr ces oiseaux ;
C’en est assez pour moi ; qu’ils chantent en repos.
Et vous qui daignerez augmenter mon aisance,
Je veux pour vous de fleurs semer tout ce canton.
Cela dit, il s’en va, sûr de sa récompense,
Et laisse vivre le vieux tronc.

Comptez sur la reconnaissance
Quand l’intérêt vous en répond.