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sur la florian.

heureuse organisation, plus délicate que forte et plus tendre que puissante, où l’instinct de la vertu pouvait du moins jusqu’à un certain point suppléer à son énergie. Nous ne comptons pas dans ce nombre le hasard qui avait donné Florian pour allié à Voltaire, par le mariage de son oncle, M. d’Hornoy, avec la nièce de ce grand homme. Cette parenté fort équivoque, ou, pour mieux dire, tout-à-fait imaginaire, n’exerça qu’une influence bien faible sur la destinée littéraire du jeune écrivain, qui n’avait reçu ni de la nature ni de l’éducation les qualités négatives d’un philosophe égoïste et athée. Le grand-lama de Ferney ne l’appela presque jamais que Florianet, diminutif caractéristique et spirituel, qui exprime assez bien la portée du génie de Florian et qui aurait l’air d’un horoscope s’il n’avait pas fait ses fables.

Dans le style de ses ouvrages, Florian ne s’élève guère au-dessus de cette médiocrité élégante et polie qui a, d’ordinaire, tous les succès du talent, parce qu’elle offre peu de prise à la critique sérieuse, et qu’elle s’approprie merveilleusement aux besoins intellectuels de la haute société, des femmes et de la Cour. Son style habituel n’est ni flasque ni languissant, mais il a cette mollesse qu’on appelle volontiers de la douceur. Sa période, correcte et nombreuse d’ailleurs, tombe à l’oreille avec quelque grâce, mais il est extrêmement rare qu’elle laisse quelque idée saisissante à l’esprit. Elle ne prend pas l’âme de haute lutte ; elle ne s’introduit pas toute armée dans la pensée ; elle s’y insinue sans effort, et de sa propre nature, comme la goutte d’eau dans le filtre. Il serait plus vrai de dire qu’elle s’y glisse. On le lit sans travail, et non pas sans plaisir, parce que l’idée n’a, dans ses écrits, aucune de ces aspérités qui