Page:Florian - Fables, illustrations Adam, 1838.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
livre iii.

Ouvre-moi ton terrier ; tu vois l’affreux péril…
Ah ! que j’en suis fâché ! répond d’un air tranquille
Le lapin : je ne puis t’offrir mon logement,
Ma femme accouche en ce moment,
Sa famille et la mienne ont rempli mon asile ;
Je te plains bien sincèrement ;
Adieu, mon cher ami. Cela dit, il s’échappe,
Et voici la meute qui jappe.
Le pauvre lièvre part. À quelques pas plus loin,
Il rencontre un taureau que, cent fois au besoin,
Il avait obligé ; tendrement il le prie
D’arrêter un moment cette meute en furie
Qui de ses cornes aura peur.
Hélas ! dit le taureau, ce serait de grand cœur ;
Mais des génisses la plus belle
Est seule dans ce bois, je l’entends qui m’appelle ;
Et tu ne voudrais pas retarder mon bonheur.
Disant ces mots, il part. Notre lièvre, hors d’haleine,
Implore vainement un daim, un cerf dix cors,
Ses amis les plus sûrs ; ils l’écoutent à peine,
Tant ils ont peur du bruit des cors !
Le pauvre infortuné, sans force et sans courage,
Allait se rendre aux chiens, quand du milieu du bois
Deux chevreuils, reposant sous le même feuillage,
Des chasseurs entendent la voix.
L’un d’eux se lève et part ; la meute sanguinaire
Quitte le lièvre et court après.
En vain le piqueur en colère