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XX
essai

moins d’orgueil d’une part, et de l’autre plus d’admiration pour Hélène ?

« Vous m’entendez, et je ne crois pas nécessaire, ainsi que l’exige M. de La Motte, de placer la moralité à la fin de mon apologue.

« Ne brûlez donc point vos fables, et soyez sûr que La Fontaine est si divin que beaucoup de places infiniment au-dessous de la sienne sont encore très belles. Si vous pouvez en avoir une, je vous en ferai mon compliment. Pour cela, vous n’avez besoin que de deux choses que je vais tâcher de vous expliquer.

« Quoique je vous aie dit que je ne connais point de définition juste et précise de l’apologue, j’adopterais pour la plupart celle que La Fontaine lui-même a choisie, lorsqu’en parlant du recueil de ses fables il l’appelle,

Une ample comédie à cent actes divers,
Et dont la scène est l’univers.

— En effet, un apologue est une espèce de petit drame ; il a son exposition, son nœud, son dénouement. Que les acteurs en soient des animaux, des dieux, des arbres, des hommes, il faut toujours qu’ils commencent par me dire ce dont il s’agit, qu’ils m’intéressent à une situation, à un événement quelconque, et qu’ils finissent par me laisser satisfait, soit de cet événement, soit quelquefois d’un simple mot, qui est le résultat moral de tout ce qu’on a dit ou fait. Il me serait aisé, si je ne craignais d’être trop bavard, de prendre au hasard une fable de La Fontaine, et de vous y faire voir l’avant-scène, l’exposition, faite souvent par un monologue, comme dans la fable du Berger et son troupeau ; l’intérêt commençant avec la situation, comme dans la Colombe et la Fourmi ; le danger croissant d’acte en acte, car il y en a de plusieurs actes,