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livre iv.

Sans enfants ou petits-enfants.
N’avez-vous point serré les nœuds du mariage
Pendant le cours de vos beaux ans ?
Le hibou répondit : Non, vraiment, mon cher frère ;
Me marier ! Et pourquoi faire ?
J’en connaissais trop le danger.
Vouliez-vous que je prisse une jeune chouette
Bien étourdie et bien coquette,
Qui me trahît sans cesse ou me fît enrager ;
Qui me donnât des fils d’un méchant caractère,
Ingrats, menteurs, mauvais sujets,
Désirant en secret le trépas de leur père ?
Car c’est ainsi qu’ils sont tous faits.
Pour des parents, je n’en ai guère,
Et ne les vis jamais : ils sont durs, exigeants,
Pour le moindre sujet s’irritent,
N’aiment que ceux dont ils héritent ;
Encor ne faut-il pas qu’ils attendent longtemps.
Tout frère ou tout cousin nous déteste et nous pille.
Je ne suis pas de votre avis,
Répondit le pigeon. Mais parlons des amis ;
Des orphelins c’est la famille :
Vous avez dû près d’eux trouver quelques douceurs.
— Les amis ! ils sont tous trompeurs.
J’ai connu deux hiboux qui tendrement s’aimèrent
Pendant quinze ans, et, certain jour,
Pour une souris s’égorgèrent.
Je crois à l’amitié moins encor qu’à l’amour.