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livre iv.

Notre ami, sans rien craindre, approche du grillage,
Regarde, et reconnaît… ô tendresse ! ô bonheur !
La sarcelle. Aussitôt il pousse un cri de joie ;
Et, sans perdre de temps à consoler sa sœur,
De ses quatre pieds il s’emploie
À creuser un secret chemin
Pour joindre son amie, et, par ce souterrain,
La lapin tout à coup entre dans la volière,
Comme un mineur qui prend une place de guerre.
Les oiseaux effrayés se pressent en fuyant ;
Lui court à la sarcelle ; il l’entraîne à l’instant
Dans son obscur sentier, la conduit sous la terre,
Et, la rendant au jour, il est prêt à mourir
De plaisir.
Quel moment pour tous deux ! Que ne sais-je le peindre
Comme je saurais le sentir !
Nos bons amis croyaient n’avoir plus rien à craindre ;
Ils n’étaient pas au bout. Le maître du jardin,
En voyant le dégât commis dans sa volière,
Jure d’exterminer jusqu’au dernier lapin.
Mes fusils, mes furets ! cria-t-il en colère.
Aussitôt fusils et furets
Sont tout prêts.
Les gardes et les chiens vont dans les jeunes tailles,
Fouillant les terriers, les broussailles ;
Tout lapin qui paraît trouve un affreux trépas :
Les rivages du Styx sont bordés de leurs mânes ;
Dans le funeste jour de Cannes,