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xxvij
sur la fable.

semblablement aussi toutes les fables futures. Cependant M. de La Motte et quelques autres fabulistes très estimables de notre temps ont eu, depuis La Fontaine, des succès mérités. Je ne les juge pas devant vous, parce que ce sont vos rivaux ; je me borne à vous souhaiter de les valoir.

«  Voilà l’histoire de la fable, telle que je la conçois et la sais. Je vous l’ai faite pour mon plaisir peut-être plus que pour le vôtre. Pardonnez cette digression à mon âge et à mon goût pour l’apologue. »

À ces mots le vieillard se tut. Je crois qu’il en était temps, car il commençait à se fatiguer. Je le remerciai des instructions qu’il m’avait données, et lui demandai la permission de lui porter le recueil de mes fables, pour qu’il voulût bien retrancher d’une main plus ferme que la mienne celles qu’il trouverait mauvaises, et m’indiquer les fautes susceptibles d’être corrigées dans celles qu’il laisserait. Il me le promit et me donna rendez-vous à huit jours de là. On juge que je fus exact à ce rendez-vous ; mais quelle fut ma douleur, lorsque, arrivant avec mon manuscrit, j’appris à la porte du vieillard qu’il était mort de la veille ! Je le regrettai comme un bienfaiteur, car il l’aurait été, et c’est la même chose. Je ne me sentis pas le courage de corriger sans lui mes apologues, encore moins celui d’en retrancher ; et, privé de conseil, de guide, précisément à l’instant où l’on m’avait fait sentir combien j’en avais besoin, pour me délivrer du soin fatigant de songer sans cesse à mes fables, je pris le parti de les imprimer. C’est à présent au public à faire l’office du vieillard ; peut-être trouverai-je en lui moins de politesse, mais il trouvera dans moi la même docilité.