Page:Florian - Fables, illustrations Adam, 1838.djvu/435

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
livre v.

Devait payer son maître à la première cause
Qu’il gagnerait : ainsi la chose
Avait été réglée et d’une et d’autre part.
Son cours étant fini, mon écolier renard
Intente un procès à son maître,
Disant qu’il ne doit rien. Devant le léopard
Tous les deux s’en vont comparaître.
Monseigneur, disait l’écolier,
Si je gagne, c’est clair, je ne dois rien payer ;
Si je perds, nulle est sa créance ;
Car il convient que l’échéance
N’en devait arriver qu’après
Le gain de mon premier procès :
Or, ce procès perdu, je suis quitte, je pense ;
Mon dilemme est certain. Nenni,
Répondait aussitôt le maître,
Si vous perdez, payez ; la loi l’ordonne ainsi ;
Si vous gagnez, sans plus remettre,
Payez ; car vous avez signé
Promesse de payer au premier plaid gagné :
Vous y voilà. Je crois l’argument sans réponse.
Chacun attend alors que le juge prononce,
Et l’auditoire s’étonnait
Qu’il n’y jetât pas son bonnet.
Le léopard rêveur prit enfin la parole.
Hors de cour, leur dit-il ; défense à l’écolier
De continuer son métier,
Au maître de tenir école.