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tobie,

Ton père soixante ans fut notre unique appui ;
Viens jouir, ô mon fils ! de notre amour pour lui. »

Il appelle aussitôt son épouse et sa fille,
Annonce son bonheur à toute sa famille,
Et veut que d’un bélier immolé par sa main
Aux hôtes qu’il reçoit on prépare un festin.

On obéit. Tobie, assis près de son guide,
Sur la belle Sara porte un regard timide ;
Il rencontre ses yeux ; aussitôt la pudeur
Couvre son jeune front d’une aimable rougeur.
Il s’enhardit pourtant, et d’une voix émue :
« Raguel ! dit-il, notre loi t’est connue ;
Tu sais qu’elle prescrit des nœuds encor plus doux
Aux liens que le sang a formés entre nous ;
Je réclame la loi, je suis de ta famille ;
Au fils de ton ami daigne accorder ta fille.
Mes seuls titres, hélas ! pour obtenir sa foi,
Sont le nom de mon père et mon respect pour toi !

Le vieillard, à ces mots, sent naître ses alarmes ;
Il élève au Seigneur des yeux remplis de larmes ;
Son épouse et sa fille, en se pressant la main,
Ont caché toutes deux leur tête dans leur sein.
Mais l’ange les rassure, et sa douce éloquence
Dans leur cœur pas à pas fait entrer l’espérance ;
Il les plaint, les console, et de leur souvenir