Page:Flotte - Blanqui et les otages en 1871, 1885.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 28 —

et de paroles sincères. Il obtiendra de vous une réponse et la liberté de la rapporter ici. Je vous serai très reconnaissant de ce que vous daignerez faire dans l’ordre d’idées que je prends la liberté de vous exposer.

Veuillez, Monsieur le Président, agréer l’hommage de mes sentiments de profond respect.

G. Darboy,
Archevêque de Paris.


Mazas, 12 mai 1871.
À M. Thiers, président du conseil des ministres et chef du pouvoir exécutif.
Cher Monsieur Thiers,

La promenade nous étant tolérée durant une heure depuis quelques jours, je viens d’apprendre de Mgr l’archevêque que des personnes cordialement préoccupées de son état, et qui sont loin d’être indifférentes à celui de M. Blanqui, ayant voulu, après s’en être entendues avec les principaux membres de la Commune, reprendre la négociation pour laquelle une lettre vous a été apportée de la part de Sa Grandeur, par M. l’abbé Lagarde, son vicaire général, une note lui avait été demandée à ce sujet, laquelle doit vous être remise par M. le ministre des États-Unis.

Or, je crois devoir, cher monsieur Thiers, et je l’ai proposé à Monseigneur, vous exprimer ma pensée réfléchie sur cette question et sur des circonstances où, je vous certifie, les plus graves intérêts sont engagés. Vous n’ignorez pas ce que la religion en ce moment souffre ici dans la personne de ses prêtres, dont beaucoup sont emprisonnés, et presque tous les autres en fuite ou cachés ; pour ses églises fermées en partie, et même affectées à des réunions scandaleuses et impies ; pour ses communautés envahies, ayant sous les verrous de diverses geôles des membres qui les composent, non moins les femmes que les hommes.

Vous n’ignorez pas que la tête de Monseigneur a été demandée avec acclamation dans plusieurs clubs ; que celle de chacun de ses prêtres détenus avec lui n’est pas plus en sûreté.

Qu’une émeute, facile à exciter par des méchants, peut, se précipitant sur les prisons, y commettre des horreurs.