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J’ai voulu prouver à l’homme une chose qu’il ne sait point assez ; c’est qu’il a, en lui, une grande puissance de vie, et que, par le bon emploi de sa raison, il peut étendre beaucoup cette puissance.

La plupart des hommes, on l’a dit il y a longtemps, sont plus capables d’un grand effort que d’une longue persévérance ; c’est pourquoi j’ai cherché à rendre mes conseils plus persuasifs en les plaçant dans la bouche d’un sage vieillard, qui a dû un siècle de vie à un régime sévère, constamment suivi.

Un passage du Commentaire de Ramazzani[1] cité à dessein, m’a paru d’ailleurs un correctif suffisant de ce que pouvaient avoir d’excessif les règles de Cornaro.

Au Cliton de La Bruyère, « qui n’a eu, en toute sa vie, que deux affaires : dîner le matin et souper le soir,… et qui semble né pour la digestion, » je préfère pourtant, je l’avoue, mon sobre et bon Vénitien, qui nous conte naïvement, que, « de fort gai qu’il était, il devint triste et de mauvaise humeur, que tout le chagrinait, qu’il se mettait en colère pour le moindre sujet, au point qu’on ne pouvait vivre avec lui ; » et tout cela pour avoir dépassé d’une once ou deux

  1. Voyez la page 35.