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se traînerait sur les pieds et sur les mains. Nous sommes si fort portés à l’imitation, que peut-être un Descartes à sa place n’essaierait pas seulement de marcher sur ses pieds[1]. »

Condillac va trop loin. Ici l’imitation n’a que faire : l’attitude, dans chaque espèce, ne dépend que de la conformation ; l’homme marche naturellement sur ses pieds, et, pour essayer de se tenir debout, il n’a pas eu besoin, grâce au ciel, de tout l’esprit d’un Descartes.

L’état sauvage nous est aujourd’hui parfaitement connu. Indépendamment des récits fidèles qui nous sont venus de toutes parts, nous avons vu à Paris plusieurs sauvages. J’ai pu en étudier quelques-uns.

Ces pauvres gens vivent tout nus, sans demeure, sans habitation fixe, sans autre subsistance que celle de leur chasse : quand la chasse est abondante, ils mangent beaucoup ; quand la chasse manque, ils supportent la faim tris-

  1. « … Je n’avance pas de simples conjectures. Dans les forêts qui confinent la Lithuanie et la Russie, on prit, en 1694, un jeune homme d’environ dix ans qui vivait parmi les ours… » Essai sur l’origine des conn. hum., 1re partie, sect. iv, ch. ii.