Page:Foa - Ludwig van Beethoven, 1841.djvu/55

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morceau. — Je n’en connais pas l’auteur, dit-il. — L’auteur, c’est moi ; et j’improvise, reprit Beethoven : si vous en doutez, donnez-moi un thème, vous verrez.

Mozart nota sur-le-champ un motif de fugues chromatiques qui, pris à rebours, contenait un contre-sujet pour une double fugue ; sans se laisser prendre à ce piège, Beethoven chercha le sens caché du motif, le devina, et le travailla pendant trois quarts d’heure avec tant d’originalité, de grâce, de vrai talent, que Mozart, étonné, captivé, retenait son haleine, de peur de perdre une note, et enfin, passant sur la pointe du pied dans la chambre voisine, où ses amis étaient rassemblés, il leur dit :

Prenez garde à ce jeune homme ! quelque jour vous entendrez parler de lui.

Beethoven avait un ami de son âge nommé Wolff, qui devint son rival, sans pour cela cesser d’être son ami ; c’était une