Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/132

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baigne l’art de cette époque, en particulier la sculpture, en Chine, en Corée, au Japon. Cette force souveraine, expression de la plénitude morale et de la maturité, revêt d’une incomparable autorité les statues et les reliefs.

Quelques débris suggestifs de l’art Thang ont été découverts sous les herbages solitaires qui recouvrent la première capitale, Si-ngan fou, dans une région où, successivement, les Tcheou, les Han et les Thang établirent leurs centres d’influence. Mais c’est la Corée et le Japon qui conservent les plus beaux exemples du style gréco-bouddhique de cette période.

Dès le début du viie siècle, la Corée avait produit des œuvres d’une extraordinaire qualité. Le reliquaire de bois, dit tabernacle Tamamousi, sur le grand autel de Hô-ryou-zi, révèle, en même temps que de rares aptitudes décoratives dans ses parties purement architecturales, une influence des reliefs Han dans les paysages montagneux peints sur les panneaux et, dans les belles divinités des portes, le souvenir de l’art gréco-bouddhique des Weï. Le grand Bodhisattva du pavillon Youmedono a l’aisance et la dignité paisible des œuvres grecques de la grande époque, avec cette puissance de sentiment religieux qui n’appartient qu’à l’Asie et à l’art français du xiiie siècle. Au Japon, sous le règne de l’impératrice Soui-Ko, s’élabore un canon esthétique, où la part de la Chine du sud et de la Corée est prépondérante, mais qui annonce déjà l’avenir élégant et robuste de l’art japonais.