Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/159

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tartare ou du Bouddhisme thibétain, le conservatisme confucéen la limite, la dirige et l’inspire. Après les tentatives de réforme du sage Khang-hi, des Mandchous, il prend un formidable renouveau de vigueur historique, il déferle sur toute la Chine, il l’endort, il l’embaume dans un formalisme solennel et commode. Toute trace d’inspiration bouddhique a depuis longtemps disparu. Le Bouddha continue sa méditation de l’absolu dans des pagodes étranges, construites de solives en bois robuste et précieux, coiffées de toits qui ondulent et se recourbent comme la crête des vagues et dont les larmiers fourmillent de dragons, écume d’or. Les monstres appelés chiens de Fô veillent sur ces songes inexprimables. Ils sont l’image des vieilles férocités asiatiques domptées par la sagesse. Mais autour de ces sanctuaires ne se propage plus aucune influence créatrice. C’est au Japon, dans son art, dans toute sa vie sociale, ce merveilleux chef-d’œuvre, qu’il faut aller étudier désormais la grande pensée d’Asie. C’est là qu’elle s’épanouit avec le plus d’ampleur et le plus de raffinement. C’est là que nous trouverons la plus haute conciliation des deux forces qui parcourent et qui animent l’art extrême-oriental, — l’idée de l’éternel repos, l’idée du changement éternel.