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ditions les plus anciennes elles plus pures des sources d’inspiration et une doctrine de vie.

Alors s’épanouit le culte d’Amida, la Pitié infinie, l’Être de Bonté et, par réaction contre le monachisme ascétique des périodes précédentes, une renaissance du Tendaïsme mystique, une dévotion exaltée, facile, abondante en prières. Le génie féminin, pleinement le maître du raffinement littéraire et des subtilités mondaines, la favorisait, et aussi, il faut bien le reconnaître, un désintéressement général des affaires publiques, abandonnées à des inférieurs. Un charme et une langueur détendent la face terrible des dieux. L’or du paradis d’Amida se répand en lueurs suaves sur les peintures et sur les images de piété que traverse le vol gracieux des anges… Cette civilisation Foudziwara n’est pas, tant s’en faut, l’apogée du génie japonais, mais elle est de la qualité la plus séduisante et la plus complexe. Romanesque, raffinée, dévote, elle est l’œuvre de la femme. L’exquis de l’art Yamato date peut-être de cette période.


Elle prend fin avec les rivalités féodales des Tahira et des Minamoto, terminées par le Chôgounat de Yoritomo (1168). L’ère de Kamakoura commence. Le samouraï, moine et chevalier, s’installe au premier plan de la vie nationale, et, avec lui, l’idéal bouddhique retrouve sa vigueur et sa fermeté. Au sortir d’une époque de dévotion transcendante et de féminisme, à côté des dames de lettres et des aristocrates décadents,