Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/33

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émergent et se détachent ces épis redoutables, le Thian-Chan et l’Altaï. Entre le Thian-Chan et le Kouen-Lun, le bassin desséché du Tarym, que vivifie à peine un étroit collier d’oasis entourant le funèbre Takla-Makan. Contre la muraille de l’Himalaya, le formidable socle plissé du Thibet. Au nord-est, l’immensité du Gobi.

Eh bien, ces mondes si terriblement isolés communiquent. Des brèches et des cols ouvrent les montagnes. La passe de Khaïber, par la vallée de Kaboul, mène de l’Inde au pays afghan ; la passe de Baroghil ouvre à l’Inde par le Pamir une fenêtre sur le Turkestan ; les hautes vallées du Brahmapoutre et de ses affluents de gauche, non moins que les cols du Sikkim, donnent accès au Thibet oriental. Entre l’Altaï et le Tengri-Dagh (Thian-Chan), une dépression, une sorte de détroit terrestre, la Dzoungarie, conduit de la Mongolie au Turkestan, et plus au sud, presque à l’endroit où se nouent les éléments de toute l’ossature orographique, des cols de faîtage tels que le Terek-Davane permettent de passer de pays d’est en pays d’ouest, de Kachgar à Tachkent, unissent les deux bassins, les deux « golfes » de l’Asie centrale.

Les plus praticables de ces passes furent de tout temps utilisées pour les parcours commerciaux par les caravanes ; pour la propagande religieuse par les pèlerins et par les moines errants ; pour la guerre par les conquérants et par les aventuriers. De tout temps l’Asie fut mêlée à l’Asie. Comment pourrions-nous