tique, en tenant compte des contacts, parfois prolongés, entre ses éléments. Le pèlerin, le marchand et le cavalier mongol furent d’exceptionnels agents de liaison. De là de grands courants d’échanges. La philosophie indienne fut ainsi répandue au loin, par des moines errants, par des voyageurs exaltés, par des simples comme par des lettrés. Elle fut accrue et nuancée par des peuples dont chacun lui communiquait la note originale et profonde de sa propre essence spirituelle, et qu’elle abordait d’ailleurs sans intransigeance, avec une pleine capacité d’adaptation.
Son histoire, dans la mesure où il est possible de la connaître, ne se présente pas comme le développement harmonieux d’un principe d’où découlent un évangile, une théologie et des dogmes cohérents, mais comme la vie d’un large thème que travaille une perpétuelle inquiétude et soumis à des mutations. Règle morale à l’origine plutôt que système métaphysique, elle comportait des contradictions, une espèce de casuistique, comme une médecine variant avec les malades. Et d’autre part elle était harcelée par les exigences philosophiques ou plutôt par la manie spéculative des peuples de l’Inde, hantés par le problème du moi et du non-moi, du Nirvana conçu tantôt comme un retour au néant, tantôt comme une survie bienheureuse… Le Maître de la « voie moyenne », du « chemin du milieu », l’agnostique exquis ne pouvait empêcher ceux qui se réclamaient de son nom de tomber, à droite ou à gauche de la route, dans les extrêmes de l’abs-