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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/122

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faire mille affaires. Or le soleil, pour se coucher, se laissant devaler du haut du ciel, la nuit commençoit à apporter ses tenebres sur la terre, et Gose endormie ronfle à bouche ouverte.


LIVRE QUATRIEME.


Desja la corpulence de Balde commençoit fort à s’accroistre, et ses membres s’estendoyent grandement, tellement qu’il avoit cinq brasses de haut, les espaules larges, et la poitrine relevée, le foye du corps serré, les jambes nerveuses, le pied petit, les reins fermes, et estoit droit au marcher ; le pas si legier, qu’il n’eust pas esté bien aisé d’en remarquer le vestige sur du sablon. Il avoit l’œil vif, et tousjours prompt à regarder çà et là, brillant comme fait le soleil quand il donne sur un miroir. Il n’avoit encores gueres de barbe, et n’en avoit le poil rude ; mais seulement avoit une moustache sur la levre de dessus d’environ trente petits poils ressemblant à de la laine, ayant ceste levre un peu plus eslevée que celle de dessoubs, qui le denotoit devoir estre quelque jour plus sage. Or, parce qu’il n’avoit point en cet aage aucun maistre pour l’instruire, il n’avoit pour compagnons que des ruffiens, des bravaches, des coureurs, des guetteurs de chemins, et certains bons vautneans, qu’on appelloit fendeurs de nazeaux, et machefers. Avec telles gens Balde vivoit plus aise qu’un pourceau à l’auge, l’aage transportant ceste jeunesse hors les bornes de raison, comme un poulain qui n’a encore gousté en l’estable que c’est d’un licol. Car ces poulains-cy desbauchez, pendant