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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/155

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LIVRE SIXIEME.


Or voicy Comine, qui sc prescnte pour vous declarer unc entreprinse merveilleuse, et vient donner secours et aide à son Merlin. Gose, qui est sçavante à bien preparer des trippes Milanoises, a assez chanté dès son commencement l’origine de Balde, sa naissance, son enfance, et sa jeunesse. Holà ! cà, icy, vous, Berthuzze, mere de Gonelle, qui sçauriez bien faire à un diable subtil, une sausse maligne ; Cingar le delié vous servira d’une matiere ample. Commencez à reciter les larrecins, les voleries, les piperies, et toutes sortes de tromperies de Cingar, et les déchifrez au long à toute la compngnie. Je vous en prie, par la teste de veau cuite avec sa peau, qu’autrefois vous desrobastes subtilement à Follet soubs son lict, quand luy seul se preparoit pour aller soupper avec Morgane[1] la Fée, et remplir à profit de mesnage ses flancs de bon rosti. Et, en recompense, je desire, que la scellee de mon mulet te soit agreable, quand les jeudis tu galloppes dessus

  1. Cette fée est une de celles qui jouent un grand rôle dans les romans de chevalerie. Rabelais en fait mention sous le nom de Morgue au chap. xxiii de son second livre, et ce passage présente, dans les éditions originales, une variante remarquable que nous avons, ce nous semble, signalée les premiers en 1844 (Notice sur une édition inconnue du Pantagruel). Au lieu de la leçon donnée dans toutes les éditions connues jusqu’alors : « Pantagruel ouyt nouvelles que son père Gargantua avoit esté translaté au pays des phées par Morgue comme feut jadis Ogier et Artus, » maître François avait d’abord écrit : « Comme feut jadis Enoch et Elie, » mais cette saillie, d’une témérité irréligieuse, disparut aussitôt dans toutes les réimpressions.