Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/171

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retenir sa ratte d’esclatter. « A dire verité, dit-il, ô Tognazze, c’est un grand crevecueur pour tes affaires d’avoir perdu une telle femme. Car ta maison, tes biens, vont sans dessus dessous, depuis que tu l’as perdue, elle qui estoit Dame et gouvernante de toutes tes affaires ; mais elle est morte, qu’as-tu besoin de tant t’en soucier ? Prens-en une autre jeune, mon bon homme, qui te puisse eschauffer ? Ne doute point que tu n’en trouves. Nous demeurons tous deux en un endroit où il y a abondance de tel bestial : à la mienne volonté que la cherté fust compensée en autant d’abondance de pain, qu’il y a de femmes par le monde. » Et, en disant cecy, il feit signe de l’œil à Berthe à ce qu’elle eust à se retirer, parce qu’il vouloit seul demeurer avec Tognazze. Berthe, fine, sachant ce que Cingar trainoit, prend congé de Tognazze en luy faisant une grande reverence, et luy donnant une œillade aspre et picquante. Et, toy, Comine, tu as assez chanté. Voicy Gose, qui a preparé le gouster pour toy et pour moy. Il y a desjà long-temps que le pot bout, plein de bon potage.


LIVRE SEPTIEME.


Que la presence et grande authorité de nos peres se repose icy presentement, lesquels pensent avoir seuls mangé Minerve, et neantmoins sont plus fols que cent mille poulains : je prie iceux ne vouloir desdaigner d’escouter nostre Comine ; laquelle, jurant avoir eu un vieil mary, et l’avoir de jaloux rendu tout capricieux, ayant