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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/267

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par tout, tu te leveras au matin, ayant les yeux plus rouges que brezil[1] ou qu’une escrevisse cuicte. Tu vas en l’escuyrie voir ton cheval affamé, car on luy aura desrobbé lès le soir son avoine, et du rastelier on aura retiré le foin ou la paille ; enfin, avec jurement et blasphesmes, tu t’en vas, et, en t’en allant, tu trouves, miserable, que tu as esté desrobbé par un tel hoste. » Pendant que Cingar tenoit ce beau discours, qui est veritable, et pendant qu’il veut reprendre le fait d’autruy, il en fait de mesme.

O, Mafeline, apporte-moy ce chappon rosty ? Il y a moyen en toutes choses, disoit le docteur Pizzanfare. En tirant trop la corde, l’are se rompt. Il y a temps de feüilleter les livres, et temps de manier l’espieu. Nous pouvons maintenant nous aider de l’un et de l’autre, s’il me souvient bien des enseignemens de l’escholier Scarpelle, lequel faisoit cuire ses saucisses avec les cartes de Paul le Venitien, au temps que l’estude florissoit à Cipade.


LIVRE DOUZIEME.


C’estoit lors quand le Soleil eschauffe les cornes du Toreau, lequel porte sur son dos Europe parmy les senteurs odoriferantes du ciel, et quand la terre, empreinte de la rosée, reçoit tout autour de soy sa nouvelle cotte bordée de fleurs, les arbres recevans aussi un plaisant ombrage par leurs feuilles nouvelles, faisans peu à peu les forests monter leurs brins et scions jusques au ciel. Le Rossignol, qui n’est jamais las de chanter à

  1. Bois de teinture importé du Brésil.