mauvaise teste. Ho ! qu’ai-je dit ? Mafeline l’a entendu, et ne veut plus m’en conter ; toutesfois nous l’apaiserons.
eptune estoit assis en un haut siege, lequel au fond
de la mer gouverne son royaume, et au centre d’icelle
a ses villes, chasteaux et palais. Il tient là une
court ouverte à tous ses peuples. Les uns vont et viennent
en ses palais, esquels logent les Nymphes et les
Dieux humides, les fleuves et lacs, venans tous au commandement
de ce Roy. Là, dis-je, estoit ce Dieu entre
ces honorables Barons, ordonnant avec le conseil de plusieurs
affaires, quand Triton, fils de Neptune et d’Amphitrite,
monté sur un poisson, arrive en haste, donnant de
l’esperon à sa monture. Chacun luy fait place ; on ne sait
la cause de son voyage : chacun s’approche pour sçavoir
la nouvelle. Incontinent il descend de dessus le dos
courbé de son Dauphin, et, prenant son chappeau, faict
d’une dure coquille, se presente devant les pieds de Neptune,
luy faisant du genouil grande reverence, et parla
à luy ainsi : « O Roy du profond de la mer, d’où vient ce
nouveau tumulte ? D’où est venu ce grand orgueil ? Une
si grande presomption prend-elle telle audace soubs un
cœur si vil ? Veu donc que tu es frere de Jupiter, et
gouverneur de ceste haute mer, et que tu as l’Empire sur
tous les fleuves, endureras-tu que tes Royaumes soient
gastez et perdus par un faitneant, souillon et bourreau
pouilleux, et indigne, pour te dire vray, de lescher ton
derriere ? C’est cest Æole mesme, duquel je vous parle,