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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/300

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LIVRE QUATORZIEME.


Mennon, expedié de par sa mere Aurore, chassoit avec son fouet devant soy le Chien, le Bouc et une infinité d’autres estoilles hors du chemin, par lequel devoit passer le chariot de son pere. Et la Nuict jà s’eschappoit, ayant apperceu la splendeur et lueur de l’Aube. Balde, voyant les chevaux du Soleil sortir hors l’horison et tirer son char enflambé, considerant cecy, dit lors à Cingar : « O ! Cingar, je m’esmerveille grandement de ce que je voy, et ne sçay comment ces choses-cy peuvent estre ! Ne voy-je pas le soleil, quand il naist, estre plus large et plus rond, que quand nous le voyons au plus haut du ciel ? Et aussi je luy vois à present un visage si rouge, qu’il semble avoir bien beu au baril. » Cingar luy respond : « Vous me demandez, ô Balde ! de grandes choses, pour lesquelles nous donner à entendre les Astrologues se travaillent fort, car icelles excedent les sens humains. Un Grec, grand personnage, qui se nomme Platon, si bien m’en souvient, et un autre Astrologue qu’on appelle Ptolomée, et Jonas le Prophete, Solon, Aristote, Melchisedech, Og et Magog en ont traicté amplement en leurs livres. » Quand Leonard eut entendu Cingar user de ces gros mots d’Og et Magog pour Philosophes, il se print si fort à rire, qu’estant couché à terre, il sembloit qu’il deust crever. Balde, qui sçavoit par experience les bonnes coustumes de Cingar, n’en feit que sourire, et luy dit : « Cingar, es-tu Astrologue ? Comptes-tu quelquefois les astres ? Si j’eusse sçeu que tu eusses estudié en telles choses, tu m’eusses rendu