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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/311

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agreables aux escholiers, ayant par le moyen d’icelles plus grand repos durant si longues nuicts.

« La famille du Soleil s’exerce par ces quatre maisons, esquelles se fait tous les ans grande despence pour tant de bouches qu’il faut contenter.

« Mais, ô Leonard ! je voy, par tes yeux, que le sommeil te veut venir : tu as mal dormy ces trois nuicts ; et toy, Balde, il semble que tu ayes une teste de plomb ? Reposons donc ; je voy Boccal desjà ronfler. »


LIVRE QUINZIEME.


Chascun avoit jà donné repos à son corps, lequel commençoit à estre plus affamé qu’endormi, quand Boccal, par le commandement de Balde, accoustroit la cuisine et preparoit un grand poisson, y faisant une sausse d’Alleman et lors Gilbert tire du sac sa viole, et accorde les cordes d’icelle en tons propres. Car ce gentil personnage ne taschoit qu’à complaire à ses compagnons, à fin qu’on luy donnast siege pour ouyr les leçons de maistre Cingar preschant en chaire, et, après avoir revisité toutes sortes d’Almanachs, devenir expert à dire les choses passées. Davantage le naturel du plaisant Gilbert n’estoit point comme aucuns chantres de ce temps, lesquels, estans bien inusquez, peignez et jolis, ne veulent chanter s’ils ne sont près d’un Roy ou grand Seigneur. Nostre Gilbert, nostre nouveau Apollo, ne faisoit pas ainsi ; car, si une petite femmelette luy eust dit : « Chante ! » il eust incontinent chanté, et ne l’eust aucunement refusée. Ayant donc tendu ses