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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/342

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et que reprennes le chemin que tu as laissé ; nous avons assez et trop parlé de ces vaches. La chambriere m’a desjà appellé de mon estude : « O maistre, laisses soudain ta plume, ton escritoire, et ton papier ; le soupper est prest, la souppe se refroidist ; les compagnons ont jà mangé la salade. « Ce livre-cy prendra fin avec vous, Messieurs, et le soupper commencera pour moy.


LIVRE DIX-SEPTIÈME.


Leonard, qui estoit le de toute honnesteté, cheminoit par le sejour et demeure des bestes sauvages, où la mort violente le portoit. Iceluy, estant entré dans le plus espais de la forest, avoit, mal-heureux, perdu les marques de son droit chemin. Il appelle souvent ses compagnons, et double, et redouble ho, ho, laquelle voix la ribaude Fortune espandoit par l’air ; et, tracassant ainsi, il arrive en un pré couvert de belles et diverses fleurs, lesquelles estoient esbranlées par un doux et petit vent. Au milieu d’iceluy y avoit une fontaine, sortant d’une petite roche, laquelle abreuvoit par ses ondelettes l’herbe du pré. Autour d’icelle sont lauriers et myrthes verds, des limoniers et orangiers. Les oyseaux se voyent volettans par les arbres, et chantans melodieusement, invitans tous les passans, par la douceur de leurs chants, à arrester leurs pas, ou pour boire de ceste eau claire et fresche, ou pour jouir en dormant de la frescheur de si beaux ombrages, lesquels agreent merveilleusement aux passans, n’estant jamais outre-percez des rayons du Soleil.

Estant donc Leonard, d’avanture, arrivé en ce beau lieu, il se tourne droict vers ce ruisseau cristalin, et se couche