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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/378

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lieu commença à trembler derechef, et ces ombres, et ces sieges s’en vont soudain en fumée, emportans avec eux Balde, pour leur Roy esleu, et creé, mais en image seulement ; car le vray Balde demeure entier au corps de Balde, n’estant qu’un Balde feint, qui s’envole soubs l’image de Balde, lequel s’en revint à ses compagnons, et leur feit recit de tout ce qu’il avoit veu, et se vantoit avoir veu les faces luisantes de tant de braves Seigneurs et Chevaliers, et avoir porté par entr’eux le sceptre.


LIVRE DIX-NEUVIEME.


Pendant que moy courronné de laurier en Bergame, et en la bonne ville de Cipade, je me prepare pour chanter au son du gril, les Diables, les proüesses de Fracasse et les horribles faicts de la Baleine, donnez secours, ô Muses, à votre Coccaye. Je ne veux point pescher en ces eaux froides de Parnasse, comme ce badaut de Maro, qui n’eust jamais en badauderie son pareil, pendant qu’il fourre en son corps ces eaux gelées de Helicon, avec lesquelles il refroidist et glace son estomach en refusant l’usage du vin : dont une douleur le prend en la teste, et se rompt les veines de la poitrine. Et pour quoy ? pour quatre sols seulement, pendant qu’en l’ombre il chante : Dis-moy, Damete, et sa brague tomboit. Que de la malvoisie vienne m’abreuver ! il n’y a point meilleure manne, ny meilleure Ambrosie, ny autre plus plaisant Nectar.

Apollo avoit esveillé ses chevaux, et amenoit avec soy un jour si beau et si luisant, que de long-temps il n’en