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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/397

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porte Pophe ; le dernier est Dragamas, lequel foüette à bon escient son crocodile qu’il chevauchoit. Ainsi tous s’enfuient à grand haste ; et ces pauvres malheureux aimeroyent plutost endurer tous les tourmens, que de veoir Jesus-Christ. Boccal, les voyant ainsi bien fuir, ne cesse de courir après, jusques à ce qu’ils arrivent au champ de bataille, auquel on voyoit desjà de grands ruisseaux couler de sang noir. Mais les diables, voyans de loing le Crucifix, aussi-tost et en un moment crians et hurlans, s’en vont en fumée à plus de mille mil de là, et après eux demeura une si grande puanteur, que rien ne servoit de boucher son nez. Tous s’en vont à la mal-heure, et ne fut plus veu là aucun malin esprit, par le bienfait de Boccal. Vive donc Boccal, vive la bouteille, et vive l’insigne maison de l’ancienne Folengue !


LIVRE VINGTIÈME.


Après que les Diables furent ainsi deschassez par le seul signe, et par la seule presentation qui leur fut faite du Crucifix, et que Balde eust proferé beaucoup de choses en la loiange de Boccal, et qu’il cut mis son Pere au tombeau que le Centaure avoit trouvé, et avec luy mis aussi le corps de Leonard, ils engraverent au devant ces vers :

Icy gist Guy, Pere de Balde grand :
Leur beau renom le reste vous aprend.

Cest Epitaphe fut brief : mais, après que les armes de Leonard furent posées sur le tombeau, et autour d’ice-