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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/419

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Cingar le talonnoit et luy bailloit de l’esperon, de se reserrer le ventre, et mettre la teste entre les jambes en levant le derriere, en sorte que Cingar, en faisant rire la compagnie, estoit contraint mettre main à terre, et tomber plus rudement que s’il fut cheut de dessus un cheval.

Avec ce passe temps, tous ces compagnons arrivent au pied d’une haute montagne : montagne, dis-je, si extremement haute, qu’elle sembloit servir d’une colonne au pole, estant sa cime en la plus haute region de l’air. Icelle est surnommée de la Lune ; et au pied d’icelle, ils rencontrent une grande caverne, laquelle, par plusieurs destours, s’estend partout. Le Centaure y remarque les pas de Fracasse, dont un chascun se resjoüit, et tous se deliberent de suivre ce train. Balde met pied à terre : aussi, font Lyron et Hippolyte. Cingar, qui venoit après, dit : « Qui demeurera derriere, ferme la porte, comme dit le proverbe. »


LIVRE VINGT-UNIEME.


Nous venons enfin au port redoutable de Malamocque, lequel, au milieu de la mer, a en soy cent mille diables, et menace d’engloutir ma petite nacelle. C’est une grande folie de vouloir faire voguer sur mer son esquif, quand il y a du bruit entre les ondes. Que feray-je done ? Il vaut mieux abbattre la voile, et asseurer l’ancre avec plus fortes cordes. Nous n’avons pas le courage d’outrepasser ce pas : ce pas, dis-je, qui est si rude, si horrible, et si meschant, auquel souvent plusieurs barques, plusieurs