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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/451

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LIVRE VINGT-TROISIÈME.


Ils avoyent desjà cheminé en ces ombres obscures et tenebreuses, par l’espace de cinq journées, quand ils se veirent au bout et à l’extremité de la caverne, et ne peurent passer plus avant, obstant une pierre de demesurée grandeur et qui traversoit le chemin, tellement qu’ils furent contraints retourner sur leurs pas, et refaire le chemin qu’ils avoyent jà fait avec grand travail. Ils se trouvent, par ce moyen, aussi estonnez que sont les fourmis, quand, cheminans par leur route l’un après l’autre, avec une longue suitte, sur une muraille, ou contremont un vieil noyer, se baisans l’un l’autre, à la rencontre qu’ils font montant et descendant, ils trouvent une ligne noire qu’on aura faicte de charbon à travers leur chemin : car lors ils s’arrestent tout court et s’amassent en une trouppe reculans en arriere, et retournans sur leurs pas. Balde advise sous ses pieds une pierre, laquelle il fait lever par Fracasse. Iceluy, affermissant la plante de ses pieds contre terre et roidissant les reins, l’enleve et trouve dessous un puits profond. Ils prestent l’oreille pour sçavoir s’ils oiroyent quelque bruit venant du fond d’iceluy. Ils entendent un bruit d’une eau coulant entre des pierres. Mais ils n’y peuvent rien veoir. Cingar s’offre de descendre à bas, comme de faict il y descend se tenant des mains et des pieds aux pierres d’iceluy, et estant au bas, il trouve un lac ondoyant et entend un ruisseau s’escouler à travers les feintes et fentes de la montagne. Il appelle de là ses compagnons, tant qu’il peut crier, disant : O compagnons, descendez par ceste eschelle d’enfer ? Tous