ne fantasie plus que fantastique m’a prins d’escrire en
mots moins polis qu’un autre subjet requeroit, l’histoire
de Balde ; la haute renommée et le nom vertueux
duquel font trembler toute la Terre, et contraignent l’Enfer
de se conchier de peur. Mais, avant que commencer,
il est premierement besoing d’invocquer vostre aide (ô
Muses) qui estes authrices de l’art Maccaronesque, sans
lequel il ne seroit possible à ma gondole de passer les
escueils de la mer. Je ne veux point que Melpomene, ou
ceste foible Thalie, ny Phœbus grattant son cythre, me
viennent fournir d’aucuns mots dorez[1]. Car, quand je
pense aux victuailles du ventre, toute ceste merdaillerie
de Parnasse ne peut apporter aucun secours à ma pause.
Que les Muses, et doctes sœurs pansefiques, Berte, Gose,
- ↑ Cette expression rappelle l’ouvrage plusieurs fois réimprimé dans la première moitié du seizième siècle, et qui, sous le titre des Motz dorez du grant et saige Cathon, offrent une traduction ou plutôt une imitation des Disticha moralia.