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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/90

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Bresse tire force fer de ses montagnes ; Bergame engendre des hommes avec la gorge grosse et pendante ; Pavie assouvist Milan de porreaux et de choux ; Plaisance fournit tous les pays de ses formages ; Parme produit des grosses citrouilles et gros melons ; Resan nourrit de bons courtaux ; Mantoue nourrit des bonnetiers, des car pes limoneuses. Si tu veux manger des poids et faseols, va à Cremone ; va à Cresme, si tu veux employer la fausse monnoye ; Boulongne engraisse les bœufs ; Ferrare grossit les jambes ; il n’y a Modenois, à qui la teste ne soit fantasque ; autant qu’il y a de mouches en la Poüille, autant Venise a de barques et gondoles ; le Piedmont brusle tous les ans mille sorcieres ; le Padouan engendre des paysans pires que les diables ; la belliqueuse Vincenze nous donne des chats allegres et dispos à sauter et grimper ; le Chiogeos est plus apte au gibet qu’au navire ; Ravenne a en soy des maisons vieilles, et anciennes murailles ; et Cervie sale par le monde un nombre infini de pores : et toy, Cesonne, tu ne fais pas peu de proffit avec ton soulphre ; nulle peinture se peut esgaler aux escuelles de Fayence ; la vallée de Commachie fournit de très-bonnes salades confites ; entre les Ceretans Florence porte ses vanteries ; Rome ne cherche que les morceaux frians, et qui facent lecher les plats ; autant qu’on voit de Barons par le Royaume de Naples safraniers, autant la larronnesse Calabre luy fournit de larrons ; autant d’enfans que Gennes procrée, autant de testes aiguës façonne la sage-femme ; Sienne a tousjours eslevé de belles filles Milan n’est jamais sans bruit en toutes les rues pour le martelage des artisans, pendant qu’ils forgent des boucles pour des sangles, et qu’ils percent des esguilles ; ceux qui mettent des clous aux souliers, et rabillent des savattes ; ceux qui couvrent les maisons de chaume ou ramonnent les cheminées sont Commaschiens ou Novarois : mais la très-renommée Cipade, de laquelle à présent j’escris, a tousjours eu en abondance de la riche