n’est pas pour excuser la polissonnerie évidente des Lancret et des Fragonard, mais pour expliquer comment cette polissonnerie, à cause de l’art admirable qu’elle contient, s’épure, pour ainsi dire et peut arriver à ne plus choquer l’esprit. Les artistes habituent les connaisseurs à de plus grandes hardiesses, les connaisseurs influent à leur tour sur le public et peu à peu finissent par être admises des œuvres qui, à leur apparition, firent scandale. Qui songe aujourd’hui à se scandaliser de la Danse de Carpeaux qui, lors de sa mise en place sur la façade de l’Opéra, excita dans la presse de si vives contestations ?… Dans l’espèce, l’œuvre est vigoureuse, un peu grossière, mais elle n’a rien de libidineux. Alors, cette violence de mouvement, ces corps nus, ces bouches rieuses, toute cette vie débordante fut interprétée par le plus grand nombre des honnêtes gens comme une scène de débauche. Mais, depuis, l’accoutumance s’est faite et avec elle s’est produite la tolérance ; nous en avons vu bien d’autres.
Ce que nous venons de dire des arts du dessin, est aussi vrai des arts littéraires. Les romanciers, les dramatistes, à force de se courber sur les passions de l’homme et sur les ressorts secrets de ses actes, parmi lesquels les passions et les réalités de l’amour sont à la fois les plus violents et les plus communs, finissent par ne voir dans les manifestations les plus grossières