Page:Fontainas - Frans Hals, Laurens.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
FRANS HALS.

a autant de sobriété dans le dessin et dans la couleur ; elle est plus expressive et se caractérise par une plus sûre personnalité. Cependant ses ouvrages, loués par les contemporains, étaient ignorés, avant que, très récemment, on ne les eût enfin distingués de certaines œuvres de fantaisie de Frans Hals. Le Joyeux Buveur, qui regarde en riant qui le regarde et montre à bras tendus un pot à bière bleu, a été acheté par le musée d’Amsterdam, en 1890, à Paris, comme étant un Frans Hals. Certes il n’a point de celui-ci la large facture, il est moins fondu de ton, mais il est d’une vigueur d’expression significative.

Les deux plus illustres élèves de Frans Hals, Adriaen Brouwer, Adriaen van Ostade, ne peuvent être étudiés en quelques mots ; ce sont de grands artistes, dont les Pays-Bas peuvent s’enorgueillir, et dont la personnalité ne dépend pas tout entière des enseignements qu’ils ont reçus dans l’atelier de leur maître. Ils en ont retiré le meilleur fruit, puisque, sans imiter, ils ont compris, et transformé pour assimiler. Ensemble et différemment, ils ont initié à des voies nouvelles, et s’ils ont, comme beaucoup de leurs devanciers, traité des sujets familiers, des sujets de mœurs joyeuses et faciles, des sujets rustiques, ils y ont introduit leur puissance d’observation vraie et sincère, l’abondance de leur belle humeur, une largeur du faire qu’ils tenaient de Hals et qu’ils ont su transmettre aux meilleurs de leurs disciples. De Brouwer, qui sut conquérir l’estime et l’admiration du grand Rubens, descend l’ingénieux et mouvementé Joost Craesbeek, à propos