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LA FORÊT DE NAVARRE.

Mais par quel sentiment suis-je donc emporté ?
Quelle est de ces accords l’étrangère gaité ?
Qu’ai-je fait des leçons de ma Muse modeste ?
Muse qui me chéris, ma compagne céleste,
Toi qui, dès mon enfance, as fixé mon amour,
Et du plus doux hymen m’enchaînas sans retour,
Qui me fais oublier, par tes chastes caresses,
Des amantes d’un jour les profanes tendresses,
Ne rougis point d’unir à tes graves concerts
Cette heureuse mollesse, ornement des beaux vers.
Cependant, fuis ces bois, crains leur ombre amoureuse ;
Pour un jeune poète elle est trop dangereuse.
Je les fuis : c’en est fait : Muse, viens m’inspirer
Un chant majestueux qui te puisse honorer !