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OEUVRES DE FONTANES.

Tu les gouvernes tous. Qui peut te gouverner ?
Quel bras autour de toi t’a contraint de tourner ?
Soleil, ce fut un jour de l’année éternelle,
Aux portes du chaos, Dieu s’avance et t’appelle !
Le noir chaos s’ébranle, et, de ses flancs ouverts,
Tout écumant de feux, tu jaillis dans les airs.
De sept rayons premiers ta tête est couronnée ;
L’antique nuit recule, et, par toi détrônée,
Craignant de rencontrer ton œil victorieux,
Te cède la moitié de l’empire des cieux.
Mais quel que soit l’éclat des bords que tu fécondes,
D’autres soleils, suivis d’un cortège de mondes,
Sur d’autres firmaments dominent comme toi ;
Et, parvenu près d’eux, à peine je te voi.
 Qui dira leur distance, et leur nombre, et leur masse ?
En vain, de monde en monde élevant son audace,
Jusqu’au dernier de tous Herschel voudrait monter :
L’infatigable Herschel se lasse à les compter ;
Il voit de toutes parts, en suivant leurs orbites,
De la création reculer les limites :
Aussi grand que l’auteur, l’ouvrage est infini.
 Vers ces globes lointains qu’observa Cassini,
Mortel, prends ton essor, monte par la pensée,
Et cherche où du grand tout la borne fut placée.
Laisse après toi Saturne, approche d’Uranus ;
Tu l’as quitté, poursuis : des astres inconnus,
A l’aurore, au couchant, partout sèment ta route ;
Qu’à ces immensités l’immensité s’ajoute.
Vois-tu ces feux lointains ? Ose y voler encor :
Peut-être, ici, fermant ce vaste compas d’or