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LA MORT DU DUC D’ENGHIEN.

Nous admirions un autre Auguste,
Nous goûtions ses premiers bienfaits,
Et c’est lui, qui, las d’être juste,
D’Octave imite les forfaits !
L’astre de sa gloire naissante
D’une lumière éblouissante
Avait frappé les nations ;
Pourquoi, sous une ombre odieuse,
De son étoile radieuse
A-t-il fait pâlir les rayons ?

Sur un trône orné de trophées,
Napoléon, ne pense pas
Qu’à tes pieds nos voix étouffées
Tairont de pareils attentats ;
Il est un juge incorruptible
Qui, dans un livre indestructible,
En gardera le souvenir ;
Ce juge terrible est l’Histoire :
Sa voix, sur ton char de victoire,
Saura t’atteindre et te punir.

Ni ta grandeur toute-puissante,
Ni tes drapeaux victorieux,
De la déesse menaçante
Ne peuvent séduire les yeux ;
La haine qui vit de scandales,
La flatterie aux mains vénales