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ŒUVRES DE FONTANES.

A-t-on droit d’attester leurs grandeurs souveraines,
 Quand on charge de chaînes
La main, la même main qu’ils baisaient à genoux ?

Le Vatican frémit ; l’Europe s’épouvante ;
D’un triomphe prochain l’Athéisme se vante,
Et son coupable orgueil a déjà redoublé.
L’Église, au bruit des fers qu’à son chef on apprête,
 Voile en pleurant sa tête,
Et sur son ancre d’or la Foi même a tremblé.

Les martyrs glorieux, s’élevant de leurs tombes,
À ce bruit ont quitté les saintes Catacombes,
Où la Religion se cachait autrefois ;
Et, plaçant sur leurs seins tout couverts de blessures
 Leurs célestes armures,
D’un rempart invincible ils entourent la Croix.

Eux-même ont admiré la foi vive et sincère
De ce Pontife-Roi qui, banni de sa chaire,
Comme eux accrut sa gloire au milieu des malheurs ;
Et, dans l’ombre guidant sa fuite glorieuse,
 Leur main victorieuse
Portait devant ses pas des palmes et des fleurs.

Un heureux fils du sort voit, dans l’Europe entière,
Tous les rois devant lui courber leur tête altière,
Et briguer en tremblant son coup-d’œil protecteur ;