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ŒUVRES DE FONTANES.

« Ainsi, les maîtres de la lyre
« Partout exhalent leurs chagrins ;
« Vivants, la haine les déchire,
« Et ces dieux que la terre admire
« Ont peu compté de jours sereins.

« Longtemps la gloire fugitive
« Semble tromper leur noble orgueil ;
« La gloire enfin pour eux arrive,
« Et toujours sa palme tardive
« Croît plus belle au pied d’un cercueil.

« Torquato, d’asile en asile
« L’envie ose en vain t’outrager ;
« Enfant des Muses, sois tranquille,
« Ton Renaud vivra comme Achille :
« L’arrêt du temps doit te venger.

« Le bruit confus de la cabale
« À tes pieds va bientôt mourir ;
« Bientôt à moi-même on t’égale,
« Et pour ta pompe triomphale
« Le Capitole va s’ouvrir. »

Virgile a dit. Ô doux présage !
À peine il rentre en son tombeau,
Et le vieux laurier qui l’ombrage,
Trois fois inclinant son feuillage,
Refleurit plus fier et plus beau.