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LA SOCIÉTÉ SANS LA RELIGION.


L’autel tombe, et les mœurs, bientôt anéanties,
Ne garantissent plus des vieilles dynasties
 Le sceptre méprisé ;
Du sort des souverains un vil sénat décide,
Et de Cromwell encor le poignard régicide
 Est contre eux aiguisé.

Alors du cœur humain s’ouvrent les noirs abimes ;
Lui-même il ignorait qu’il cachât tant de crimes
 Dans ses plis tortueux ;
Et, quand de ses progrès la raison s’est vantée,
L’orgueilleuse raison recule épouvantée
 De ses fruits monstrueux.

Hélas ! plus de bonheur eût suivi l’ignorance !
Le monde a payé cher la douteuse espérance
 D’un meilleur avenir ;
Tel mourut Pélias, étouffé par tendresse
Dans les vapeurs du bain dont la magique ivresse
 Le devait rajeunir.

Est-ce assez de fureurs ? Est-ce assez de vertiges ?
Jusqu’à quand suivrons-nous les coupables vestiges
 De nos maîtres pervers ?
Dissipe enfin l’erreur de leur fausse science,
Et viens sous ta tutelle, ô sage expérience,
 Replacer l’univers.