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ŒUVRES DE FONTANES.

« Bossuet, Corneille et Louvois ;
« Et, devant l’illustre cortège,
« La multitude sacrilège
« Pâlit, et s’arrêta trois fois.

« Enfin, j’ai vu combler l’injure,
« Et de ces monarques chéris,
« Non loin, dans une fosse obscure
« On jette les nobles débris.
« Tant de Rois que la terre honore,
« Dont le nom la remplit encore,
« Sous l’herbe ici sont oubliés.
« Ô néant de la gloire humaine !
« Leurs grandeurs occupent à peine
« L’espace que foulent mes pieds. »

À ces mots le Vieillard s’arrête,
Et se tournant vers l’étranger :
« Fuis, dit-il, je crains pour ta tête ;
« Le jour ramène le danger.
« Vois-tu déjà l’aurore naître ?
« Les délateurs vont reparaître ;
« Viens, je sais un obscur réduit. »
Il dit ; et loin des tombes saintes
Tous deux vont renfermer leurs plaintes
Jusques au règne de la nuit.