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NOTICE HISTORIQUE

provisoire l’ordre de continuer ses fonctions de grand-maître. Au mois de mai, il fut nommé par le roi membre de la commission préparatoire de la charte. Le 4 juin, il fut créé pair. La dignité de grand-maître ayant été supprimée en février 1815, et remplacée par une simple présidence du conseil, sans force et sans puissance, Fontanes, en se retirant, n’éprouva qu’un regret, c’est de n’avoir pu réaliser sous la royauté tout le bien qu’il avait essayé sous l’empire. Le roi le nomma grand cordon de la Légion d’honneur.

Mais tout à coup quelle calamité frappa la France ! Bonaparte reparut. On se rappelle avec quel empressement il rechercha, dès le jour de son arrivée, tous ceux dont les intérêts plus ou moins froissés par la restauration lui faisaient supposer quelque retour secret vers son autorité ; il n’oublia pas Fontanes qui, pour toute réponse, quitta Paris.

À la rentrée du roi, Fontanes fut nommé ministre d’État. Deux discours seulement furent prononcés par lui dans la chambre des pairs, où la modération de son caractère le fit opiner avec le centre droit, et le porta à ne point voter la mort du maréchal Ney. Mais son éloquence eut ailleurs plusieurs occasions de briller. Vice-président de la séance d’installation des quatre académies, le 24 avril 1816, Fontanes rappelle dans son discours les services que l’Académie française a rendus dès son origine à la littérature, comme tribunal de la langue et du goût. Puis, établissant la nécessité de cette littérature et de ce tribunal, pour ramener la société actuelle au sentiment de toutes les bienséances, Fontanes conclut ainsi : « Je ne crains point de le dire, et je m’appuie en ce moment sur l’autorité de ces grands hommes qui portèrent une haute philosophie dans la culture des sciences : un peuple qui ne serait que savant pourrait demeurer barbare ; un peuple de lettres est nécessairement sociable et poli. »

Ne remplirons-nous pas un devoir en retraçant encore ici l’émotion profonde produite par Fontanes à l’Académie, le jour de la réception du comte de Sèze (26 août 1816) ? « Enfin