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LA STATUE DE HENRI IV.

Hélas ! des Cygnes de la Seine
Qui rendra la gloire à ses bords ?
Ni le Méandre ni l’Ismène
N’ouïrent plus nobles accords.
Oh ! si leur voix jeune et féconde
Pouvait encor charmer le monde !…
Vain appel ! regrets superflus !
Les arts, les talents disparaissent ;
De Henri les beaux jours renaissent.
Et les Malherbes ne sont plus[1] !

  1. C’est ici la dernière en date des odes de Fontanes ; et nous terminons par là cette série d’odes, stances, ou petits poëmes, qui commence à la Forêt de Navarre. On remarquera combien l’unité de certains sentiments est fidèlement gardée. Le Henri IV de la Forêt de Navarre répond d’avance à cette ode finale sur la statue du bon Roi. Le sentiment exprimé dans les dernières strophes, ce doute de l’avenir littéraire, ces présages redoublés d’un déclin presque inévitable, étaient familiers à Fontanes : il y revient en plus d’un endroit, et ici en finissant, il en laisse échapper une dernière plainte. À travers ce qu’elle a d’un peu absolu et de trop rigoureux dans l’expression, cette plainte est touchante encore et fait harmonie avec le reste. Malgré ce qu’on y peut trouver d’inexactement prophétique, elle ne laisse pas d’avoir sa justesse relative de pressentiment. C’est qu’en effet Fontanes était le dernier d’une famille poétique qui se sentait finir. — On donnera maintenant les poëmes plus considérables d’étendue, et qui n’auraient pu trouver place, à leur date, dans la série des petits poëmes et des odes, sans en interrompre le fil qu’on tenait à montrer.