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ŒUVRES DE FONTANES.

L’enclos où la serpette arrondit le pommier,
Où la treille en grimpant rit aux yeux du fermier.
Du château de Pradel visitons les ruines ;
À l’ombre des mûriers épars sur ces collines
Reconnaissons la place où De Serre autrefois,
Une bêche à la main, nous enseigna tes lois.
Honneur à ce vieillard, le Varron de son âge,
Naïf historien du rustique ménage !
Chante une hymne à sa tombe, ô Muse ! et dans ces lieux
Où sa main transplanta le ver industrieux,
Rapporte-nous ses mœurs, ses douces habitudes,
L’aimable paix qui suit tes aimables études,
Et rends à ma patrie, en traçant ce tableau,
L’amour des vieux manoirs et les goûts du hameau.

Si vous aimez les champs, si votre âme inquiète,
Lasse enfin de Paris, veut goûter la retraite,
Les plus riants aspects s’offrent à vos regards.
La Seine arrose en paix, non loin de nos remparts,
Des vallons qu’entraient les nymphes de Sicile.
Cherchez Montmorency, Saint-Germain, Romainville ;
Vincenne offre ses bois, et Meudon ses coteaux ;
Maisons reçut Voltaire, Auteuil vit Despréaux ;
Courez vers Fontenay, ses roses vous invitent.
Que ces lieux me plairaient ! mais des grands les habitent,
Le sage avec respect doit s’écarter loin d’eux,
Et si j’en crois les vers de ce poëte heureux
Qu’on relit à tout âge et qu’on cite à toute heure :
Je ne bâtirai point autour de leur demeure.
Eh bien ! fuyez Paris ; la France est devant vous.