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SUR M. DE FONTANES.

jour y consacrer tous ses soins. Rien ne viendrait plus à point qu’une pareille publication, à cette époque de décadence décorée du nom de progrès[1]. Quelle autorité d’exemple n’aurait-elle pas surtout si, en tête d’une édition des œuvres de Fontanes, son plus illustre ami plaçait quelques lignes seulement de recommandation à nos contemporains et à la postérité !

 « Du grand peintre de l’odyssée
 « Tous les trésors lui sont ouverts,
 « Et, dans sa prose cadencée,
 « Les soupirs de Cymodocée
 « Ont la douceur des plus beaux vers.

Fontanes.


En attendant que les lettres aient cette nouvelle obligation à M. de Châteaubriand, remercions-le d’avoir retenu et cité dans son dernier ouvrage deux strophes d’une ode inédite de Fontanes sur l’Anniversaire de sa naissance. « Elles ont (dit-il) tout le charme du Jour des Morts, avec un sentiment plus pénétrant et plus individuel. »

« La vieillesse déjà vient avec ses souffrances.
« Que m’offre l’avenir ? De courtes espérances.
« Que m’offre le passé ? Des fautes, des regrets.
« Tel est le sort de l’homme ; il s’instruit avec l’âge ;
« Mais que sert d’être sage,
« Quand le terme est si près ?

  1. Les efforts infructueux que l’on a tentés dernièrement pour découvrir de nouvelles formes, pour trouver un nouveau nombre, une nouvelle œuvre, pour raviver la couleur, rajeunir le tour, le mot, l’idée ; pour envieillir la phrase, pour revenir au naïf et au populaire, ne semblent-ils pas prouver que le cercle est parcouru ? Au lieu d’avancer on a rétrogradé. on ne s’est pas aperçu qu’on retournait au balbutiement de la langue, aux contes des nourries, à l’enfance de l’art. Soutenir qu’il n’y a pas d’art, qu’il n’y a point d’idéal ; qu’il ne faut pas choisir, qu’il faut tout peindre ; que le laid est aussi beau que le beau ; c’est tout simplement un jeu d’esprit