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ŒUVRES DE FONTANES.

Et Paris s’étonna du luxe de ses maîtres.
Maintenant de nos murs parcourez les dehors ;
Les rivaux de Thouin, étalant leurs trésors,
Offrent à chaque pas des espèces nouvelles :
Les plus rares pourtant ne sont pas les plus belles.
Mais que d’heureux trésors vous pouvez conquérir !

 Lorsqu’un plant fatigué commence à dépérir,
Du végétal mourant l’héritier se prépare ;
Et ce qu’il a perdu, le verger le répare.
La riche pépinière, en son sein maternel,
Et de fleurs et de fruits porte un peuple éternel.
Qu’au soleil du matin elle soit exposée ;
Du nord et du midi l’influence opposée
Pourrait également brûler ces plants nouveaux ;
Le jour naissant convient aux naissants arbrisseaux.
Ces frêles nourrissons entre des mains habiles
Croissent pour remplacer leurs ancêtres débiles.
Tout meurt, mais tout renait ; et ce tronc précieux
Que jadis a planté la main de vos aïeux,
Et que plus d’une fois en bravant leur défense,
Dans ses jeux indiscrets outragea votre enfance,
Ce tronc, que ses bienfaits ont longtemps embelli,
Par ses dons épuisé, comme nous a vieilli ;
Il tombe, et cède enfin son empire à l’arbuste.
Tel, sous le poids des ans penchant sa tête auguste
Un vieillard vertueux regrette moins le jour
S’il laisse après sa mort un fils de son amour :
Son fils reproduira ses mœurs et son image.