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ŒUVRES DE FONTANES.


 Si vous livrez vos fleurs à l’abeille volage,
Des oiseaux pour vos fruits redoutez le pillage ;
On se plait à leurs chants, mais l’essaim ravisseur
À Vertumne outrage fait payer leur douceur.
Souvent à trop d’excès trop d’indulgence entraine ;
Et j’en jure aujourd’hui par ce bon La Fontaine,
Si Jean Lapin m’outrage au fond de mon verger,
Sans l’appui du seigneur, je saurai me venger.

 Déjà, tentant deux fois une longue carrière,
Loin des pompeux jardins, ma muse la première
Traça du potager les fertiles enclos,
Et des Naïades même y dirigea les flots.
Elle a dit le verger, les dons chers à Pomone,
Et de Flore en passant releva la couronne.
C’est assez de leçons, et l’exemple instruit mieux.
L’art que chante ma muse est un bienfait des cieux :
Des jardins, des vergers, apprenez l’origine.

 Cérès avait perdu la jeune Proserpine,
Aux pieds de Jupiter elle apporta ses pleurs :
Jupiter, pour calmer de trop justes douleurs,
Voulut qu’en tous les temps l’épouse de son frère,
Six mois près d’un époux, six mois près de sa mère
Partageant tour à tour leur égale amitié,
De ses jours immortels leur donnât la moitié.
Déjà l’aimable reine aux enfers couronnée
Vit passer deux saisons dans le lit d’hyménée ;
Cérès va la rejoindre, et veut, pour ce grand jour,
Préparer sur la terre un champêtre séjour,