L’un et l’autre ont chéri tout ce que j’ai chanté.
C’est ici que du goût s’accroit la pureté :
Le goût au premier rang a marqué votre place.
Amis ! qu’à nos cheveux la rose s’entrelace,
Et la lyre à la main, rappelons dans ce lieu
Les mœurs d’Anacréon, d’Horace, et de Chaulieu.
Une pierre immobile en table façonnée
Est de mes plus beaux fruits par mes mains couronnée ;
Le lait coule, un vin pur brille dans le cristal ;
Il est temps de s’asseoir à mon banquet frugal ;
Pomone l’a fourni, c’est sa main qui l’apprête.
Et vous, Marnésia, présidez à la fête :
Votre muse a chanté de semblables plaisirs ;
Vos jardins étendus dans vos heureux loisirs,
En ornant le château, nourrissent l’indigence.
Dans ces graves conseils, organes de la France,
Montrez-vous, défendez les droits du laboureur ;
Vous chantiez ses travaux, méditez son bonheur.
Et puissent, comme aux temps de Grèce et d’Ausonie,
Adoucis par les arts, formés à l’harmonie,
Nos pasteurs à l’envi décorer leur séjour,
En disputant d’adresse, et de vers, et d’amour[1] !
- ↑ M. le marquis de Marnésia, auteur d’un Essai sur la Nature champêtre, d’un écrit intitulé le Bonheur dans les Campagnes, venait d’être nommé président d’un des districts de la Franche-Comté, lors de la formation des Assemblées provinciales : toute cette fin du second chant se rapporte à la date du premier Verger, 1788. M. le chevalier de Langeac, également convié par le poëte, avait publié un Précis historique sur Colomb, accompagné d’une Épître de ce grand homme à Ferdinand et à Isabelle.