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ŒUVRES DE FONTANES.

Ô vieillard renommé, qui depuis trois mille ans
Vois d’éternelles fleurs orner tes cheveux blancs,
Puissé-je, en ces climats où brillait ton génie,
Vers les rives d’Égée ou les mers d’Ionie,
Recueillir, à l’aspect des lieux qui t’ont charmé,
Quelques rayons du feu dont tu fus animé !

 L’impatient Xerxès avait franchi la Thrace,
Et partout la terreur qui marchait sur sa trace,
La vengeance et l’orgueil dictant ses volontés,
Abaissaient devant lui les remparts des cités.
Tout cède, et déjà fier des succès qu’il présage,
Des monts Thessaliens il tentait le passage.
Cent nations marchaient sous ce monarque altier :
En esclave à sa suite il traine un monde entier.
L’Europe au loin frémit : des campagnes fécondes
Il épuise en passant les moissons et les ondes,
Tandis que ses vaisseaux oppriment de leur poids
L’Hellespont indigné de fléchir sous ses lois.
Il s’avance : on eut dit que l’Asie ébranlée
Tombait de tout son poids sur la Grèce accablée.
Ces Dieux qu’on avait vus dans les champs Phrygiens
Jadis contre les Grecs exciter les Troyens,
Et que de Jupiter la loi toute-puissante
Força d’abandonner les bords chéris du Xanthe,
Tous ces Dieux irrités, avides de combats,
Ont du Persan superbe accompagne les pas,
Et sur l’Europe enfin leur vieille jalousie,
Croit venger avec lui les affronts de l’Asie.
Ils fondent dans son camp : là, semblable à la nuit,