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LA GRÈCE SAUVÉE.

« L’or brille en ses contours, et l’art savant du Mage
« Y grava du soleil l’éblouissante image.
« Cambyse, indigne fils du plus fameux guerrier,
« Déshonora bientôt ce noble bouclier ;
« Darius s’en couvrit quand, marchant vers l’aurore,
« À ses vastes états il voulut joindre encore
« Du Gange et de l’Indus les bords assujettis ;
« Et lorsque vers la Grèce il envoya Datis.
« Lui-même il lui donna cette armure éclatante,
« Et ma main à Datis la ravit dans sa tente.
« Sur le Mède enlevés, que cet arc et ces traits
« Consolent du vaincu la chute et les regrets ! »

 À peine a-t-il parlé qu’on voit Glaucus paraître.
On le nomme : son nom l’a fait assez connaître.
Un jour, sans succomber sous ce pesant fardeau,
Il parcourut le stade en portant un taureau ;
Par sa haute stature et son port intrépide,
Ce robuste lutteur semble égaler Alcide,
Fier d’avoir comme lui triomphé d’un lion.
Mais la gloire n’est pas sa seule ambition.
L’or, bien plus que l’honneur, charmait ses yeux avares ;
Né libre, il voyageait au milieu des barbares,
Dans Byzance ou dans Suze, et là, plus d’une fois,
Promenant ses lauriers à la suite des rois,
Trafiquait de sa gloire, et, gagé par leurs vices,
D’un vain excès de force amusait leurs caprices.
Il marche, et se flattant de triomphes nouveaux,
Son audace à grands cris provoque ses rivaux ;